Zygmunt LANDAU

1898-1962

Exposition du 8 novembre à fin décembre 2000

Centre d’Art et de Culture – Centre Rachi


L’occasion nous est offerte de redécouvrir le peintre Zygmunt Landau, figure discrète et quelque peu occultée de ce que l’on a baptisé l’Ecole de Paris Cette école plutôt buissonnière, mouvement pictural très peu dogmatique fédérant les tempéraments les plus divers, regroupa dans un premier temps des peintres d’Europe orientale venus respirer le bon air de la liberté parisienne, liés entre eux par une sorte d’expressionnisme instinctif et viscéral, très différent de l’expressionnisme allemand.

Né à Lodz en Pologne en 1898, arrière-petit-fils du rabbin Zadick Reb Wolf de Strykow, Landau arrive à Paris en 1920, se lie avec Othon Friesz, Kisling, et s’installe à la Ruche près de Soutine, Krémègne et Kikoïne. « Je passe des journées entières au Musée du Louvre, où j’arrive le matin avec un morceau de pain en poche, pour ne repartir que le soir après avoir rempli mon cœur et mon carnet à dessin » écrit-il. Réfugié à Saint-Tropez pendant la guerre, il devient provençal d’adoption. La lumière méditerranéenne exerce une influence profonde sur son sens très personnel de la couleur.

Son univers est fait de calme et de sérénité : figures statiques arrêtées dans des poses rêveuses, maternités, femmes à la fontaine, vendangeuses, glaneuses, pâtres, nus très sages, couple endormi en plein paysage dans une atmosphère virgilienne, scènes de vie patriarcale. Simplicité soulignée par l’étrange sobriété d’un graphisme soucieux avant tout de lignes de force et d’équilibre de masses. Ce n’est pas réduire la profonde originalité de cette peinture que d’y déceler l’influence conjuguée de Cézanne et de Modigliani. La parenté d’esprit avec ce dernier est frappante dans l’arabesque gracieuse et douce du dessin qui ovalise les visages, schématise l’amande des yeux et l’arête du nez, galbe les silhouettes comme des amphores. Il partage en particulier avec Modigliani ce goût d’imagier qui élague l’inutile et simplifie à seule fin de traquer la vérité psychologique ou de chercher l’au-delà des apparences. Les couleurs sont à peine modulées, posées presqu’en à-plat, ce qui incite le peintre à un jeu subtil de menus contrastes.

« Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude » disait Cézanne. Du rythme calme des formes, de la sonorité nourrie et retenue des couleurs, émanent pudeur, délicatesse, recueillement. Il se dégage de cette oeuvre une atmosphère de pureté des temps bibliques, qui métamorphose le quotidien, projette des thèmes apparemment profanes dans une dimension noble, intemporelle, presque religieuse ; ce que résuma d’un mot heureux le critique Waldemar Georges en parlant de « Géorgiques juives ». La beauté, disait Stendhal, est une promesse de bonheur  : on ne saurait mieux approcher le sentiment subtil qu’inspirent les teintes très caractéristiques de Landau, cernées d’un trait bleu, volontairement assourdies et cuivrées, comme si, à portée d’un jardin de paradis, au seuil de la paix, de la béatitude, un léger voile de mélancolie devait, pour ménager nos yeux inaccoutumés, en feutrer les couleurs afin de nous acclimater à des joies inconnues.

Xavier Bureau


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Last modified: Sun Mar 7 13:12:37 CET 2004